Le contexte


Des rires se font entendre dans une des nombreuses salles du palais du Louvre. La musique est entrainante, les dames revêtent leurs plus beaux atours, et tous s’adonnent aux plaisirs de la fête. Henri III, roi de France n’oublie cependant pas que la guerre fait rage au sein de son royaume. Le camp protestant refuse de rendre les places fortes que la reine-mère, leur a accordé en février 1579 pour six mois. Le roi assiste à la fête mais son esprit est ailleurs, il espère que son frère François d’Alençon parviendra à établir de nouveau la paix. Une paix recherchée depuis presque une année maintenant. Les guerres de Religion font rage depuis bien trop longtemps désormais et Henri voudrait que cela soit son règne qui réinstaure la paix. Mais il existe bien trop de tensions : entre nobles et au sein même de la famille royale. Protestants et catholiques se mènent une lutte acharnée depuis près de vingt ans maintenant. Une lutte entraînant des rivières de sangs. Des massacres en conséquence. Des sortes de vendettas barbares que l'on connaissait aux temps les plus obscurs de notre histoire...

Dans un frottement léger de tissus, elle avait esquivé une danseuse maladroite sans que le lourd plateau qu'elle tenait entre ses mains ne vacille. En cette nouvelle soirée de fête comme il y en avait tant au Louvre depuis que le troisième fils de Catherine de Médicis était monté sur le trône de France, le vin coulait à flots. Pourtant, cachés derrière les sourires, les pas de danse, les robes somptueuses et les plus beaux atours, se dessinaient les plus sombres complots et les plus noires intrigues et parfois aux yeux de la jeune domestique, la guerre silencieuse qui sévissait à la cour de France mettait en scène des animaux plus cruels les uns que les autres. Il fallait avouer que les temps étaient troublés, en à peine plus de vingt années la France avait connu quatre rois, de nombreuses guerres et épidémies. Même elle avait fini par choisir son camp.

Et alors que le souverain reste plongé dans ses pensées, Anne de Joyeuse vint lui glisser un mot à l'oreille. Un messager attend à la porte. Henri III se lève donc en silence, rassurant son épouse inquiète d'un regard. La fête devait continuer, mais Henri priait Dieu que les nouvelles soient bonnes. La porte s'ouvrit sur un homme à la peau burinée qui s'agenouilla devant son souverain.
« Et bien Monsieur ? Quelles sont les nouvelles ? » On pouvait presque sentir l'impatience dans sa voix, mais il était prêt à entendre tout ce que ce messager avait à lui dire. « Votre Majesté. Votre frère m'envoie vous dire qu'un accord a été conclu avec les Protestants. Ils ont accepté la paix. » Henri poussa un soupir de soulagement. La septième guerre de Religion venait de s'achever en ce jour. Il remercia donc le messager, ordonnant qu'on lui prépare un repas chaud et qu'on lui offre un endroit où se reposer cette nuit. Un poids terrible semblait être enfin descendu de ses épaules. Mais la prudence était de mise. La guerre. La terrible guerre, pourrait reprendre à tout instant.

À toute cette mascarade, la jeune femme n'avait que ses oreilles pour écouter et ses yeux pour voir. Et cela s'avérait être d'une grande utilité. Elle n'avait, contrairement à tous ces grands fardés, pas la moindre valeur. Et pourtant, elle faisait partie de la plus importante part de la population, seule elle n'était rien, avec tous les autres moins que rien, elle était la France et elle pourrait très bien si elle en décidait ainsi guider elle-même le jeu. Elle en avait un jour pris conscience et quand une main frôla son bras, sa hanche et qu'un charmant sourire accueillit son regard troublé avant que ces lèvres si parfaitement dessinées ne bougent afin de lui demander ce qu'elle avait vu ou entendu en passant près des hommes parlant un peu plus loin, elle fit mine de lui tendre un verre en lui répondant. Qu'on soit riche ou pauvre, né dans un palais ou dans la boue, on a notre place dans cette danse, il nous suffit de la prendre

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Nous sommes en novembre 1580. La septième guerre de Religion vient de s'achever grâce à la paix de Fleix, offrant quinze places de sûreté aux Protestants pour six ans. Le royaume est donc entré dans une paix toute relative les différents clans s'opposant à la cour du roi de France. Valois, Bourbon, Guise et autres n'ont de cessent de se faire la guerre de l'encre et du papier. Les duels. Les complots. Les temps de paix sont certes arrivés, mais pour combien de temps ?
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